Revue Liberté 313 - Séduits par la droite: Les mots doux du capitalisme; "Travail, performance, liberté"... ces formules magiques qui colonisent nos rêves.
Revue Liberté 313 - Séduits par la droite: Les mots doux du capitalisme; "Travail, performance, liberté"... ces formules magiques qui colonisent nos rêves.
Le présent dossier explore une emprise, non pas celle d’un penchant politique mais bien d’un ordre économique, sur nos vies et avant tout sur nos façons de sentir, de ressentir, d’éprouver et, bien entendu, d’être ensemble. Car avant de penser le monde, nous l’éprouvons. Et si notre rapport au monde, aux autres, à nous-mêmes, aux idées, alouette, relève d’abord du sensible, qu’est donc devenue notre sensibilité pour que nous acceptions nos existences stériles, anémiques, vides de sens surtout et dans lesquelles, collectivement, nous ne nous emballons plus qu’à l’annonce de projets d’intendance, de profits à court terme ou de victoire des Canadiens ? N’y a-t-il plus rien d’autre en ce monde et en nous-mêmes qui soit en mesure de nous paraître tangible ? La moindre marge du système semble avoir disparu. C’est peut-être pourquoi les temps présents sont devenus invivables. « C’est la marge qui tient la page », disait Jean-Luc Godard. Sans elle, tout fout le camp. Et c’est peut-être justement l’absence d’un tel espace, mental comme politique, qui caractérise la violence particulière que notre époque déploie. Les champs en friche, pour le dire ainsi, donnent l’impression d’avoir été éliminés. Peu importe la direction vers laquelle nous tournons la tête, l’espace est cadastré par la raison du plus fort. Comment, dès lors, d’autres choses, d’autres formes, d’autres images, d’autres pratiques pourraient-elles émerger ? À partir d’où pourraient-elles se déployer et nous permettre de fissurer l’homogénéité de tout ce qui se propose à nous ?
Language
English
Pages
180
Format
Kindle Edition
Publisher
Revue Liberté
Release
September 06, 2016
Revue Liberté 313 - Séduits par la droite: Les mots doux du capitalisme; "Travail, performance, liberté"... ces formules magiques qui colonisent nos rêves.
Le présent dossier explore une emprise, non pas celle d’un penchant politique mais bien d’un ordre économique, sur nos vies et avant tout sur nos façons de sentir, de ressentir, d’éprouver et, bien entendu, d’être ensemble. Car avant de penser le monde, nous l’éprouvons. Et si notre rapport au monde, aux autres, à nous-mêmes, aux idées, alouette, relève d’abord du sensible, qu’est donc devenue notre sensibilité pour que nous acceptions nos existences stériles, anémiques, vides de sens surtout et dans lesquelles, collectivement, nous ne nous emballons plus qu’à l’annonce de projets d’intendance, de profits à court terme ou de victoire des Canadiens ? N’y a-t-il plus rien d’autre en ce monde et en nous-mêmes qui soit en mesure de nous paraître tangible ? La moindre marge du système semble avoir disparu. C’est peut-être pourquoi les temps présents sont devenus invivables. « C’est la marge qui tient la page », disait Jean-Luc Godard. Sans elle, tout fout le camp. Et c’est peut-être justement l’absence d’un tel espace, mental comme politique, qui caractérise la violence particulière que notre époque déploie. Les champs en friche, pour le dire ainsi, donnent l’impression d’avoir été éliminés. Peu importe la direction vers laquelle nous tournons la tête, l’espace est cadastré par la raison du plus fort. Comment, dès lors, d’autres choses, d’autres formes, d’autres images, d’autres pratiques pourraient-elles émerger ? À partir d’où pourraient-elles se déployer et nous permettre de fissurer l’homogénéité de tout ce qui se propose à nous ?