Elaboré par Theodor Lessing dans l'entre-deux-guerres, lorsque l'antisémitisme battait son plein, le concept de " haine de soi " servit d'abord à penser la psychopathologie de certaines franges du peuple juif, intériorisant, parfois jusqu'au suicide, le regard de rejet qui se portait sur elles. La haine de soi intéresse cependant l'ensemble du genre humain, et c'est précisément ce que cet ouvrage vise à montrer. Il y a la honte de ces sans-abri que nous croisons tous les jours, et que nous faisons mine de ne pas voir, tant leur présence nous dérange. Ou encore ces gays qui, en quête de respectabilité ou d'invisibilité, abhorrent un efféminement largement stigmatisé par la société globale. Jeunes femmes anorexiques, enfants abandonnés orphelins du désir de leurs proches, mélancoliques, tous tissent des stratégies de survie qui se révèlent comme négation même de la vie. Et l'écriture est là, chez un Maurice Sachs ou un Michel del Castillo, déployant les infinies métamorphoses de ce sentiment. Que dire aussi de ces révolutionnaires iraniens se sacrifiant sur l'autel de l'idéal khomeiniste ? Ou de ces victimes cambodgiennes qu'on aurait voulu rendre coresponsables de leur propre malheur ? Quant à celui qui change de nom, ou qui se convertit, cherche-t-il à se délester d'un soi oppressant ? Et que penser enfin de ceux qui simplement renoncent au soi, telle Simone Weil, ou, sous d'autres cieux, tel sage hindou ? Des psychanalystes, des historiens, des sociologues, des philosophes et des écrivains traquent dans ces pages les avatars étonnants de la haine de soi. Sans oublier que derrière le soi et derrière la haine se profile peut-être toujours la double figure de l'Autre, et de l'amour.
Elaboré par Theodor Lessing dans l'entre-deux-guerres, lorsque l'antisémitisme battait son plein, le concept de " haine de soi " servit d'abord à penser la psychopathologie de certaines franges du peuple juif, intériorisant, parfois jusqu'au suicide, le regard de rejet qui se portait sur elles. La haine de soi intéresse cependant l'ensemble du genre humain, et c'est précisément ce que cet ouvrage vise à montrer. Il y a la honte de ces sans-abri que nous croisons tous les jours, et que nous faisons mine de ne pas voir, tant leur présence nous dérange. Ou encore ces gays qui, en quête de respectabilité ou d'invisibilité, abhorrent un efféminement largement stigmatisé par la société globale. Jeunes femmes anorexiques, enfants abandonnés orphelins du désir de leurs proches, mélancoliques, tous tissent des stratégies de survie qui se révèlent comme négation même de la vie. Et l'écriture est là, chez un Maurice Sachs ou un Michel del Castillo, déployant les infinies métamorphoses de ce sentiment. Que dire aussi de ces révolutionnaires iraniens se sacrifiant sur l'autel de l'idéal khomeiniste ? Ou de ces victimes cambodgiennes qu'on aurait voulu rendre coresponsables de leur propre malheur ? Quant à celui qui change de nom, ou qui se convertit, cherche-t-il à se délester d'un soi oppressant ? Et que penser enfin de ceux qui simplement renoncent au soi, telle Simone Weil, ou, sous d'autres cieux, tel sage hindou ? Des psychanalystes, des historiens, des sociologues, des philosophes et des écrivains traquent dans ces pages les avatars étonnants de la haine de soi. Sans oublier que derrière le soi et derrière la haine se profile peut-être toujours la double figure de l'Autre, et de l'amour.