- Excusez-moi. ... Vous voulez mon opinion concernant Ambroise Fridelance ? Le fond de ma pensée ?...
Serge Demare s'interrompt, se penche pour ouvrir un sachet de médicament, l'ouvre, verse la poudre effervescente dans un grand verre d'eau.
-... Un pauvre type. Un besogneux. Un raté pathétique. Même pas un artiste, malgré ses prétentions... Et, au demeurant, un gentil petit gars, sérieux, travailleur, dévoué. Mais pas gâté par la vie, ah ça, putain !... ... Aah... Excusez-moi, inspecteur. Mais y a des gens comme ça...
Serge Demare touille le mélange avec une cuillère, avale une gorgée du remède, fait la grimace, soupire, repose le verre sur la tablette à côté du fauteuil, en toussant encore.
L'officier de police Koster, assis en face de lui, attend en silence, son carnet à la main.
-...Et sa femme ! L'enfer, qu'il a dû vivre avec elle ! Toujours tout se coltiner pour cette emmerdeuse, les courses, la bouffe, le ménage ! Handicapée comme elle est, la Régine Fridelance, après leur accident... Ah, elle lui a fait payer, d'avoir grillé ce feu rouge... Et... et... dès qu'il entrait dans mon bureau, toujours le portable qui sonnait : c'était elle, évidemment... pour lui demander un truc idiot, ou vérifier qu'il était bien ici en train de me livrer mon illustration et pas chez une bonne femme, ou le mettre en garde contre un danger qu'elle aurait vu dans son horoscope... dans les astres !... Malheureux Fridelance : trente secondes après qu'il a raccroché voilà que ça ressonne, à tous les coups c'est de nouveau sa Régine ! Ah, là là... Je l'entends encore, mon pauvre Ambroise : «Oui ma Ginette ! Mais oui, t'inquiète pas ! Je peux pas t'parler, monsieur Demare il attend, on a du travail... Plus on pourra travailler sans interruption, plus vite je serai rentré à la maison, ma chérie... Bisous !» Ouais, autant expliquer ça à un mur ! Et Fridelance n'osait pas déconnecter son portable, ç'aurait été pire : qu'est-ce qu'il aurait pris, le malheureux, après, en débarquant chez lui...
- Excusez-moi. ... Vous voulez mon opinion concernant Ambroise Fridelance ? Le fond de ma pensée ?...
Serge Demare s'interrompt, se penche pour ouvrir un sachet de médicament, l'ouvre, verse la poudre effervescente dans un grand verre d'eau.
-... Un pauvre type. Un besogneux. Un raté pathétique. Même pas un artiste, malgré ses prétentions... Et, au demeurant, un gentil petit gars, sérieux, travailleur, dévoué. Mais pas gâté par la vie, ah ça, putain !... ... Aah... Excusez-moi, inspecteur. Mais y a des gens comme ça...
Serge Demare touille le mélange avec une cuillère, avale une gorgée du remède, fait la grimace, soupire, repose le verre sur la tablette à côté du fauteuil, en toussant encore.
L'officier de police Koster, assis en face de lui, attend en silence, son carnet à la main.
-...Et sa femme ! L'enfer, qu'il a dû vivre avec elle ! Toujours tout se coltiner pour cette emmerdeuse, les courses, la bouffe, le ménage ! Handicapée comme elle est, la Régine Fridelance, après leur accident... Ah, elle lui a fait payer, d'avoir grillé ce feu rouge... Et... et... dès qu'il entrait dans mon bureau, toujours le portable qui sonnait : c'était elle, évidemment... pour lui demander un truc idiot, ou vérifier qu'il était bien ici en train de me livrer mon illustration et pas chez une bonne femme, ou le mettre en garde contre un danger qu'elle aurait vu dans son horoscope... dans les astres !... Malheureux Fridelance : trente secondes après qu'il a raccroché voilà que ça ressonne, à tous les coups c'est de nouveau sa Régine ! Ah, là là... Je l'entends encore, mon pauvre Ambroise : «Oui ma Ginette ! Mais oui, t'inquiète pas ! Je peux pas t'parler, monsieur Demare il attend, on a du travail... Plus on pourra travailler sans interruption, plus vite je serai rentré à la maison, ma chérie... Bisous !» Ouais, autant expliquer ça à un mur ! Et Fridelance n'osait pas déconnecter son portable, ç'aurait été pire : qu'est-ce qu'il aurait pris, le malheureux, après, en débarquant chez lui...