"Vous étiez petite fille même rongée de tristesse, les nattes doivent virevolter c'est dans l'ordre des choses". Chloé "la fille de l'aume", narratrice de ce deuxième roman de Chloé Delaume, fait le portrait de son enfance tabassée. Entre le père fouettard et la mère non moins violente dans les mots, la petite s'interroge, subit, culpabilise, angoisse… La charge du passé s'échappe comme un grand cri incontinent, explose dans un texte qui n'en finit pas de s'explorer.
Mon synopsis est clair. En banlieue parisienne, il y avait une enfant. Elle avait deux nattes brunes, un père et une maman. En fin d'après-midi le père dans la cuisine tira à bout portant. La mère tomba la première. Le père visa l'enfant. le père se ravisa, posa genoux à terre et enfouit le canon tout au fond de sa gorge. Sur sa joue gauche l'enfant reçu un fragment cervelle.
Si la parole sourd, sous l'effet d'une trop grande pression intérieure, le texte ne tombe pas dans la complaisance douloureuse : la solitude de l'enfant et sa souffrance démentielle trouvent une porte de sortie par l'humour et l'ironie. Le style complexe demande une participation active du lecteur : dans ses méandres il retient des jeux de mots, des alexandrins, des allusions inventives, des pirouettes et des termes savants… Autant d'alluvions, de limons acides et de sables fertiles déposés au passage d'un fleuve qui déborde. Même si l'on croit parfois lire un style plus qu'un livre, la poésie à vif du Cri du sablier transmet au final une féroce envie de vivre. --Claire Pardieu
"Vous étiez petite fille même rongée de tristesse, les nattes doivent virevolter c'est dans l'ordre des choses". Chloé "la fille de l'aume", narratrice de ce deuxième roman de Chloé Delaume, fait le portrait de son enfance tabassée. Entre le père fouettard et la mère non moins violente dans les mots, la petite s'interroge, subit, culpabilise, angoisse… La charge du passé s'échappe comme un grand cri incontinent, explose dans un texte qui n'en finit pas de s'explorer.
Mon synopsis est clair. En banlieue parisienne, il y avait une enfant. Elle avait deux nattes brunes, un père et une maman. En fin d'après-midi le père dans la cuisine tira à bout portant. La mère tomba la première. Le père visa l'enfant. le père se ravisa, posa genoux à terre et enfouit le canon tout au fond de sa gorge. Sur sa joue gauche l'enfant reçu un fragment cervelle.
Si la parole sourd, sous l'effet d'une trop grande pression intérieure, le texte ne tombe pas dans la complaisance douloureuse : la solitude de l'enfant et sa souffrance démentielle trouvent une porte de sortie par l'humour et l'ironie. Le style complexe demande une participation active du lecteur : dans ses méandres il retient des jeux de mots, des alexandrins, des allusions inventives, des pirouettes et des termes savants… Autant d'alluvions, de limons acides et de sables fertiles déposés au passage d'un fleuve qui déborde. Même si l'on croit parfois lire un style plus qu'un livre, la poésie à vif du Cri du sablier transmet au final une féroce envie de vivre. --Claire Pardieu